Le métier d’assureur, quel avenir dans ce secteur ?
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À quoi ressembleront les métiers de demain dans le secteur de l’assurance ? Nouvelles technologies, nouveaux modes de vie, nouveaux risques : le monde évolue à grande vitesse et le secteur de l’assurance s’adapte. Si le cœur de métier d’assureur n’est pas près d’être remis en cause (il y aura toujours des risques à anticiper, à évaluer, à gérer, à indemniser…), la façon de le pratiquer change et va continuer de se transformer en profondeur. Les métiers d’avenir seront accompagnés par une transformation digitale.
Évolution technologique et son impact sur le métier d’assureur
En 2020, l'Observatoire de l'Évolution des Métiers de l'Assurance a notamment fait évoluer la nomenclature : « Là où il y avait des fonctions cloisonnées, dites “en silos”, la profession a cherché à bâtir une vision plus globale qui met les attentes du client au centre », analyse Jérôme B., directeur de l’Innovation et du Digital à la FFA*.
La révolution digitale transforme les habitudes des assurés et, forcément, celles des métiers d’assureurs. Une transformation digitale qui suscite l’enthousiasme de Jérôme. « C’est un moment extraordinairement intéressant pour rejoindre ce secteur. Le monde de l’assurance a toujours su miser sur les technologies. Par exemple, les premiers grands systèmes d’information sont apparus, chez nous, dès les années 1960-1970. Le premier virage du digital a été pris dès le tournant des années 2000-2010. Mais aujourd’hui, ce qui se joue est encore plus puissant. Nous sommes devant des chantiers aussi colossaux que passionnants ! ».
La digitalisation a radicalement transformé la manière dont les assureurs interagissent avec leurs clients ainsi que la gestion des polices d'assurance. L'introduction de plateformes en ligne permet aux clients de souscrire des polices, de gérer leurs comptes et de déclarer des sinistres de manière autonome et à toute heure. Ces outils numériques favorisent une plus grande transparence et accélèrent les processus, tout en offrant une expérience utilisateur améliorée. Par ailleurs, l'utilisation de technologies mobiles et d'applications dédiées renforce l'engagement par des notifications en temps réel et des interactions personnalisées. Cependant, cela nécessite aussi des investissements continus en technologie pour sécuriser les données et maintenir l'intégrité des systèmes.
L'automatisation et l'intelligence artificielle (IA) révolutionnent plusieurs aspects fondamentaux du métier d’assureur, notamment la tarification, la souscription et la gestion des sinistres. Les modèles prédictifs alimentés par l'IA permettent une évaluation des risques plus précise et une tarification plus dynamique, adaptée au profil individuel de chaque client. Dans la souscription, l'IA peut analyser rapidement de grands volumes de données pour identifier les risques, réduisant ainsi le temps nécessaire à l'évaluation des polices. Pour la gestion des sinistres, l'automatisation accélère le traitement des réclamations, depuis la notification initiale jusqu'à la résolution finale, en passant par l'évaluation des dommages à l'aide d'images analysées par IA.
Des métiers d’avenir de plus en plus connectés
Les défis technologiques de l’univers de l’assurance et de ses métiers de demain ont pour noms : objets connectés, intelligence artificielle, big data… Il est clair que l’automobile autonome, les villes « intelligentes » vont refaçonner les risques courants, du carambolage à la fuite d’eau. Les sinistres de moindre importance qui entraînaient, il n’y a pas si longtemps encore, de nombreuses démarches, pourront être gérés en quelques clics depuis son smartphone avec un interlocuteur totalement digitalisé. « Les assurés vont attendre des services aussi réactifs que ce qu’ils connaissent chez les grands acteurs de la consommation en ligne », anticipe Jérôme B. Une tendance confirmée par Anthony J., fondateur d’une « asssurtech » ** : « Bien connaître ses clients permet de s’adresser à eux avec les codes et les canaux de contact qui leur correspondent : Whatsapp, via des groupes Facebook ou Instagram pour certains, en utilisant le tutoiement, ou pour d’autres, des rencontres physiques avec des commerciaux dédiés. Mais ce que je vous dis aujourd’hui ne sera plus valable dans 6 mois, dans un an. En ce moment, nous assistons à une accélération de l‘’innovation dans la distribution d’assurances. Comme les clients sont de plus en plus à l’aise avec le fait d’acheter des produits et de souscrire à des offres en ligne, les usages changent rapidement et justifient le positionnement de nombreux acteurs sur des parcours entièrement digitaux ».
Climat, cybersécurité : des défis pour le métier d’assureur
Par ailleurs, les effets du changement climatique, l’ingéniosité illimitée des cyber-délinquants vont mécaniquement engendrer une extension encore difficilement mesurable des risques et, par conséquent, du métier d’assureur. « À cela s’ajoute, la montée en puissance des économies émergentes qui va entraîner un besoin croissant de leurs habitants en termes de protection, car aujourd’hui, les trois quarts de la population mondiale n’accèdent pas encore à une couverture par une assurance », fait observer Jérôme B. pour compléter le tableau des défis à relever par les assureurs.
* France Assureurs
** assurtech ou insurtech = société qui évolue dans le secteur de l’innovation technologique appliquée au domaine de l’assurance. Il s’agit souvent de « start-up ».
Perspectives pour le métier d’assureur
Pour rester pertinents dans un secteur en constante évolution, le métier d’assureur doit acquérir de nouvelles compétences. Celles de base, telles que la gestion du risque, la capacité d'analyse, et les compétences interpersonnelles, demeurent fondamentales. Cependant, la montée de la digitalisation et de l'intelligence artificielle dans le secteur nécessite également de nouvelles aptitudes. Les assureurs devront se familiariser avec les technologies de données, l’analyse prédictive, et les plateformes numériques pour la gestion des polices et des sinistres. La formation continue, notamment dans les domaines de la cybersécurité et de la réglementation des données, devient essentielle pour s'adapter aux nouvelles exigences légales et sécuritaires.
Pour tirer profit des évolutions du marché, le métier d’assureur doit développer une vision stratégique, centrée sur la durabilité et l'adaptabilité. Cela implique de rester attentifs aux tendances globales, non seulement dans le secteur des assurances, mais aussi dans les secteurs économiques et technologiques connexes. Ces professionnels doivent anticiper les changements dans les préférences des consommateurs et les évolutions réglementaires, tout en investissant dans la recherche et le développement pour anticiper les futures demandes du marché. Un positionnement stratégique peut également impliquer des partenariats avec des start-ups technologiques pour intégrer des solutions innovantes et disruptives qui peuvent transformer les pratiques traditionnelles du secteur. Finalement, une réflexion stratégique sur la responsabilité sociale de l'entreprise peut aussi contribuer à renforcer la confiance et la fidélité des clients.