Parent & orientation
Harcèlement scolaire : 5 conseils à appliquer si votre enfant le subit
Durée 5 minutes
Le harcèlement dans les établissements scolaires est une réalité que l’on ne peut plus nier. Il touche 5 à 6% des élèves selon les études officielles, au moins 10% selon les associations. Un problème incomplètement résolu par les campagnes de sensibilisation qui, d’après la thérapeute Emmanuelle Piquet, se trompent de message : « On parle beaucoup du harcèlement scolaire, mais toujours pour trouver des solutions extérieures, sans faire confiance aux capacités des enfants harcelés à enrayer les cercles vicieux dont ils sont victimes ».
Alors comment réagir en tant que parent d’enfant harcelé ? Comment aider son enfant efficacement et lui permettre de sortir de « son cercle vicieux » ? Réponses en 5 conseils donnés par Emmanuelle Piquet.
#1 Ne pas transmettre son inquiétude
Quand on est parent, l’inquiétude est forcément présente, surtout quand on sait que son enfant souffre. Pourtant, s’il le perçoit, cela risque de renforcer son mal-être relationnel et son manque de confiance en lui. Difficile également de complètement le lui cacher puisque les enfants s’avèrent particulièrement lucides. La meilleure posture ? Tâchez de voir la situation inquiétante avec son regard, en vous mettant à sa place, mais aussi en exprimant la tristesse que sa situation vous procure : le meilleur moyen de le comprendre et de lui répondre de façon adaptée.
#2 Ne pas intervenir à la place de son enfant
« Lorsqu’un adulte, aussi bienveillant soit-il, intervient entre deux enfants pour tenter de régler une relation conflictuelle et difficile, au mieux il cristallise la situation, au pire il l’amplifie. » Le ton est donné par Emmanuelle Piquet, qui explique : « En intervenant, il envoie deux messages implicites : à l’enfant agressé, il lui fait ressentir son incapacité à agir seul ; et à l’agresseur, il souligne qu’il ne s’est pas trompé en choisissant d’harceler cet enfant-là, et pas un autre. » Une attitude qui s’explique aussi par l’âge des collégiens, les plus concernés par le harcèlement scolaire : « Au collège, mobiliser les adultes avec sa méchanceté et ses bêtises est un gage de popularité. »
#3 Ne pas changer son enfant d’école trop tôt
« Si nos enfants se font harceler, c’est parce qu’ils sont vulnérables et que cela se voit », poursuit Emmanuelle Piquet. Une vulnérabilité qui, si elle n’est pas identifiée, « désarmée » et transformée, perdurera dans un autre établissement, où un ou des harceleurs pourront s’avérer pires que les précédents.
#4 Donner des clés sur-mesure pour se défendre
La solution pour ne plus être harcelé est propre à chaque contexte et chaque enfant. Mais cela prend du temps pour qu’elle apparaisse et puisse être formulée. Dans tous les cas, elle doit vraiment correspondre à la nature de votre enfant. Pour trouver ces clés qu’Emmanuelle Piquet surnomme « des flèches », l’analyse de son adversaire est nécessaire : étudier son mode opératoire et les circonstances qui l’amènent à harceler votre enfant (certains élèves doivent-ils être présents ? Un événement particulier a-t-il été déclencheur ? ...). Puis, en fonction de ce travail préparatoire, vous pouvez trouver ensemble ces fameuses flèches : répartie, retournement de situation, mettre le harceleur face à la vérité de son comportement… Il existe autant de solutions qu’il y a de situations. Exemple avec l’un des patients d’Emmanuelle Piquet. Bastien, 18 ans, victime de cyberharcèlement : ses camarades de classe sont allés jusqu’à créer une page Facebook pour l’humilier. Le jeune homme n’a plus été capable de se rendre à l’école pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce qu’il découvre « sa flèche » : publier un message sur ce mur Facebook, remerciant ses cyberharceleurs de la place de chef et d’idole qu’ils lui donnent et leur proposant alors d’évaluer les meilleures publications de cette page, puisqu’il est le mieux placé pour le décider… Résultat ? Le groupe Facebook a été dissous 48 heures plus tard.
Par ailleurs, sachez que si votre enfant en éprouve le besoin, il peut porter plainte après avoir réuni des preuves de son harcèlement (témoignages de camarades ou d’encadrants, preuves écrites…), en se rendant au commissariat de police ou dans une brigade de gendarmerie. Le dépôt de plainte pour cyberharcèlement donne lieu à une prise en charge particulière : plus d’informations sur le site du Service public.
#5 S’appuyer sur des ressources extérieures
Les centres de consultation et formation à la thérapie brève et stratégique de l’école de Palo Alto, appelés A 180 degrés et créés par Emmanuelle Piquet, s’avèrent pionniers du genre. Leur objectif ? Donner des clés sur-mesure, pour aider votre enfant à se défendre, l’aider à se sentir mieux et mettre fin à son harcèlement, en quelques séances. Si ces centres sont répartis dans certaines villes, ses thérapeutes proposent des consultations en visio, destinées aux enfants ou à leurs parents.
Des organismes accessibles gratuitement ont également été créés pour les jeunes harcelés et leur famille : Non au harcèlement joignable au 3020 de 9h à 20h en semaine et de 9h à 18h le samedi. Le 3018 est le numéro consacré aux victimes de cyberharcèlement (et plus largement, de violences numériques), aux mêmes horaires que le précédent. Enfin, vous pouvez également vous rapprocher du collectif d’associations France Victimes, afin de vous rapprocher de l’association la plus proche de chez vous.
Le harcèlement scolaire : un fléau courant dans les cours d’école, mais qui peut prendre fin grâce à la force que votre enfant finira par trouver en lui. Vous êtes un soutien de choix pour l’aider à la trouver et à l’utiliser selon ce qui lui correspond le mieux.